Qui est Geneviève Darrieussecq, la nouvelle ministre de la Santé ? Portrait

Et de huit ! Geneviève Darrieussecq est donc la huitième ministre de la Santé en deux ans à peine. Nouveau record sous la présidence Macron – record qui, je l’espère, ne sera pas battu avant disons … quelques mois au moins.

Qui est donc la ministre de la Santé de ce nouveau gouvernement ? Première observation : c’est un médecin.  Certains s’en réjouiront sans doute. Pour ma part, j’ai déjà eu l’occasion d’expliquer dans un post précédent (à lire sur ce lien ici) que, contrairement à une idée reçue y compris chez les professionnels eux-mêmes, cela ne constituait pas forcément, en soi, une bonne nouvelle pour notre système de soins.

A y regarder de plus près toutefois, le profil de Geneviève Darrieussecq est assez original. C’est la première fois qu’une allergologue occupe ce poste. La première fois également qu’il s’agit d’une spécialiste qui a travaillé, vingt-cinq durant, à la fois en cabinet et à l’hôpital comme attachée au CH de Mont-de-Marsan. Une médecin qui, en outre, sait jouer collectif, puisque qu’elle fut présidente du syndicat national des allergologues et présidente de la Fédération hospitalière de France (FHF) pour la région Aquitaine. Ajoutons qu’elle est membre du conseil départemental de l’Ordre dans les Landes, ce qui lui donne une triple casquette (libérale, hospitalière, ordinale). Au moins, personne ne pourra lui reprocher de méconnaitre la réalité du métier dans toute sa complexité.

Deuxième observation : elle connait très bien les territoires. Cette élue de terrain a en effet été successivement conseillère régionale en Aquitaine (2004-2015), maire d’une ville de plus de 30 000 habitants (Mont-de-Marsan, 2008-2017) et présidente d’une communauté d’agglomération (2009-2017). Avant de devenir députée Modem en 2017, poste qu’elle a quitté trois jours plus tard rejoindre le gouvernement. Région, mairie, département, agglo : là encore personne ne pourra lui reprocher de méconnaitre l’administration territoriale dans toute sa complexité.

Troisième observation : elle a réussi le tour de force d’occuper trois postes différents sous trois Premiers ministres différents : Secrétaire d’État sous Florence Parly avec Edouard Philippe, ministre déléguée aux Anciens Combattants avec Jean Castex, ministre déléguée chargée des personnes handicapées sous Elisabeth Borne. Pas mal pour une quasi inconnue avant 2017. Peut-être parce que, estampillée « Modem », elle faisait partie du « quota » dévolu aux troupes de François Bayrou. Peut-être aussi parce qu’elle est d’une fidélité sans failles vis-à-vis du Président Macron, qu’elle qualifiait en juillet dernier de « quelqu’un d’une grande écoute et d’une volonté farouche que j’admire beaucoup pour son intelligence des situations hors normes ». N’en jetez plus !

Trois anecdotes pour finir de brosser le portrait d’une femme attachante à bien des égards.

Pendant la crise du Covid, elle a en toute discrétion consacré trois matinées par semaine à s’occuper des malades du Covid à l’hôpital militaire de Percy. Cachée sous son masque, Agnès Buzyn ne l’a pas identifiée jusqu’au moment où elle l’a reconnue grâce à sa voix !

Elle a été pendant dix ans le médecin de l’équipe de rugby de Mont-de-Marsan.

Elle a été la présidente des villes taurines de 2010 à 2014.

Une femme qui retourne « au charbon » pendant le Covid, qui aime le rugby et la corrida moi je dis que c’est une femme de qualité !

Je ne suis pas sûr, toutefois, que ces qualités suffisent pour affronter et surtout surmonter les défis immenses qui l’attendent. La liste est longue : déficit abyssal de l’Assurance Maladie, colère, lassitude ou désespérance (choisissez le terme que vous voulez) des professionnels de santé, difficultés de recrutement de personnel qualité dans les établissements de soins, EHPAD compris. Sans oublier les dossiers politico-économiques brûlants : pénuries récurrentes de médicaments, déserts médicaux, coût exponentiel des pathologies chroniques, permanence des soins, financiarisation de notre système de santé – et j’en passe. Et comme si ça ne suffisait pas, la couleur très droitière de ce nouveau gouvernement risque d’ajouter quelques sujets explosifs à son calendrier de réformes déjà bien chargé. Je veux parler bien entendu de l’AME (Aide médicale d’État) , du périmètre de la Complémentaire santé solidaire, voire de la loi sur l’aide à mourir.

Bref, je souhaite bien du courage à Geneviève Darrieussecq !