Euthanasie : ma réponse à Michel Houellebecq

Je n’ai pas votre notoriété. Je ne possède pas votre carnet d’adresses. Je ne suis pas écrivain. Tout cela pour dire, M. Houellebecq, que ce post de blog n’aura pas le retentissement de votre Tribune publiée dans Le Figaro d’hier. J’en suis conscient. Aurai-je néanmoins l’outrecuidance de vous répondre ? Oui, car votre texte contient trop d’erreurs, trop d’horreurs, trop de laideur pour ne pas appeler une réaction, fût-elle personnelle. Et tant pis si vous ne me lisez pas, au moins certaines choses seront dites.

Reprenons. A vous croire, « Proposition numéro 1 : personne n’a envie de mourir ». Je préciserais « sauf si » mais passons. « Proposition numéro 2 : la souffrance physique est un enfer pur ». Je vous rejoins là-dessus. « Proposition numéro 3 : on peut éliminer la souffrance physique » puisque, ajoutez-vous, la morphine et l’hypnose sont là pour apaiser.

Je ne suis pas écrivain, disais-je en préambule, mais pour m’y intéresser depuis trente ans je connais les questions de santé et, sans forfanterie, je les connais sans doute mieux que vous. Alors apprenez, M. Houellebecq, que l’hypnose ne soulage pas tout, pas toujours. Loin de là. Certaines personnes répondent peu ou mal à cette technique. Certaines douleurs également. Allez donc en parler à un grand brûlé, à un homme victime d’une torsion de testicules, à une femme atteinte de salpingite, ou même à un(e) « simple » migraineux(se).

Sachez également, M. Houellebecq, que certains patients sont intolérants à la morphine. Pire, celle-ci provoque parfois une détresse respiratoire qui peut entrainer la mort – à ce propos, je précise d’ailleurs que, de temps en temps, elle est utilisée ainsi en toute connaissance de cause. Mais je n’irais pas plus loin puisque c’est justement l’objet de votre colère.

Car oui, vous êtes en colère quand on parle d’euthanasie. Une colère si vive, si violente que je me demande ce qui la motive – ou, plus exactement, dont j’aimerais bien connaître le fondement. Car enfin, qu’est-ce que cela peut bien vous faire, M. Houellebecq, qu’une autre personne que vous veuille mourir, qu’elle souhaite qu’on l’aide à mourir ? En quoi cela menace-t-il l’être humain que vous êtes ? En quoi cela remet-il en cause votre « dignité », vous qui proclamez à plusieurs reprises n’ « en n’avoir aucune » – pour insinuer en réalité le contraire ?

Vous êtes tellement en colère que vous en arrivez à proférer des obscénités. Anne Bert, écrivain comme vous, a choisi de cesser de vivre en octobre 2017 parce que, atteinte de la terrible maladie de Charcot, elle n’en pouvait plus de souffrir. « L’euthanasie ne relève pas de l’eugénisme » a-t-elle expliqué quelques jours avant sa mort. Un point de vue tout aussi respectable que le vôtre après tout. Mais non. Pas pour vous, qui osez écrire dans votre Tribune : « Il est pourtant patent que {les partisans de l’euthanasie}, du divin Platon aux nazis, sont exactement les mêmes ». Vous le pensez vraiment ? Cette analogie est dégueulasse – et c’est un descendant de victimes de l’Holocauste qui vous le dit.

Quant à la fin de votre Tribune, elle fait froid dans le dos. Je la cite in extenso, pour ne pas être accusé de bidouiller vos propos : « Lorsqu’un pays – une société, une civilisation – en vient à légaliser l’euthanasie, il perd à mes yeux tout droit au respect. Il devient dès lors non seulement légitime, mais souhaitable, de le détruire ; afin qu’autre chose – un autre pays, une autre société, une autre civilisation – ait une chance d’advenir ».

Une vieille civilisation à détruire. Une autre civilisation à créer. Le tout, au nom de nouveaux principes censés être plus acceptables que les anciens. Le tout, au nom d’une morale qui serait la « bonne ». Et qui justifierait la fin de la précédente qui, pourtant, conduisait le monde jusque là. Cela ne vous rappelle rien ? …. Non, vraiment ? Votre mémoire vous fait défaut ?

M. Houellebecq, vous êtes (peut-être) un grand écrivain. Mais une chose est sûre, vous êtes un piètre penseur. Et je pose la question : qui, de vous ou de moi, est le vrai nazi ?