Burn out: la honte en double peine


Poignant témoignage que celui de Frédéric dans la rubrique Express Yourself du site de L’Express. Sans fioritures, celui-ci raconte avec ses mots à lui le « coup de poing dans la gueule » reçu à l’annonce en avril dernier d’un bore-out, une forme particulière du burn out liée au sentiment de vacuité dans le travail.
Lui qui se sentait jusque-là très intégré dans une entreprise où, pourtant, « on ne s’accorde pas le droit d’être malheureux », découvre avec effarement la brutalité des rapports humains – cet ami « devenu au fil du temps un ennemi qu’il fallait détruire par peur du chômage », ce patron qui profite de sa situation pour lui envoyer une lettre de licenciement, ces collègues qui dénoncent, espionnent ou balancent…
Mais surtout, Frédéric raconte la honte. La honte d’avoir été incapable de dire ce qui lui arrivait aux autres. La honte de se faire engueuler par son médecin de famille. La honte de ne pas avoir été assez fort pour résister à la pression.
Il y a un peu plus d’un an, je préparais un gros dossier sur le burn out dans L’Express. Interrogeant plusieurs victimes de ce syndrome, j’avais été très frappé par ce sentiment de honte, justement, qu’elles éprouvaient. Comme si elles avaient une large part de responsabilités dans leur situation. Comme si elles étaient tout aussi coupables que victimes. Comme si, des mois voire des années plus tard, elles pensaient toujours que c ‘était de leur faute.
Or, c’est bien là la double peine que subissent les victimes d’un burn out. Loin d’être une maladie de fainéants, le burn out touche en général des salariés très impliquées dans leur travail, davantage que la majorité de leurs collègues même. Dotées d’un grand sens des responsabilités, capables d’absorber toujours plus de dossiers sans oser parfois dire STOP, ces personnes-là se sentent souvent coupables d’être finalement ce qu’elles sont.
Voilà pourquoi je leur dis : n’ayez pas honte. Refusez la double peine d’avoir voulu répondre à des attentes exorbitantes, et pour tout dire inatteignables, et de ne pas y être parvenus. Ce n’est pas tant vous qui êtes en cause que le mode de management que vous subissez. Sans, bien entendu, tomber dans l’excès inverse de la victimisation, je voudrais néanmoins rappeler cette évidence : dans le monde du travail, les exécutants ont moins de liberté, moins de marge de manœuvre, moins d’espace que les décideurs. Dans ce domaine comme ailleurs, les responsabilités sont sans doute partagées. Mais pas tout à fait à 50/50.
Marissime
Merci de cet article on se sent moins seuls mais le sentiment de honte est quand même toujours présent doublé de celui de l échec et de la perte de son emploi
Mon employeur lui va très bien et n’a aucun remord
Vincent Olivier
Merci pour de témoignage. je vous souhaite de rencontrer d’autres employeurs qui soient plus humains que celui ci !