Oui, on peut être de bonne humeur au travail!

Je repensais ce week-end au chiffre que je mentionnais dans mon dernier post de blog: près d’un infirmier(e) sur deux se sent obligé de « cacher ses émotions » ou de « faire semblant d’être de bonne humeur » et je me disais: et si c’était ça, aussi, une des raisons de l’épuisement professionnel à l’hôpital comme ailleurs, à l’hôpital plus qu’ailleurs peut-être?

Je conçois la difficulté qu’il y a à « faire semblant d’être de bonne humeur » plusieurs heures par jour  en particulier quand on exerce un métier pénible, physiquement et émotionnellement. Quand on doit affronter la douleur, la mort parfois, sans pouvoir y faire grand-chose.

Je conçois aussi la difficulté à faire tout simplement « semblant »: semblant de ne pas voir le manque d’équipement et de personnel, un manque qui entraine notamment une mauvaise prise en charge – ou, à tout le moins, des soins pas toujours satisfaisants. Bref, de façon plus générale, ce n’est pas facile de « faire comme si » au travail. Comme si tout allait bien, comme s’il fallait se résoudre à ne pas faire le métier que l’on aime comme on aimerait le faire.

Les professionnels de l’accompagnement (coachs, consultants, RH, psys ou autres) ont un mot pour qualifier le sentiment, essentiel, qu’il existe un accord entre ses principes de vie et la réalité: ils parlent de « congruence ». Un mot dérivé des maths, assez moche je dois dire, qui résume cette nécessité d’une cohérence globale entre ce que « je suis » et ce que « je fais ». Je suis congruent par exemple quand j’élève mes enfants selon mes principes d’éducation, quand je suis fidèle à ma vision de l’amour dans mon couple,  ou encore quand je ne trahis pas mes valeurs dans mon travail. C’est dire si ce concept de « congruence » est important, y compris dans la vie de tous les jours.

Or, le simple fait de d’éprouver ses émotions, de les reconnaitre, de les nommer, voilà ce qui permet de les vivre pleinement; à l’inverse, cacher ses émotions, c’est aussi s’interdire d’être congruent, c’est être en porte à faux avec soi-même.

Une anecdote pour finir: il y a quelques années, un chef m’avait reproché « de faire trop de bruit dans les couloirs en rigolant ». Voulait-il me signifier par là que je ne travaillais pas assez? que je cancanais? S’agissait-il d’une menace? d’un avertissement? Comme s’il était honteux de bosser tout en s’amusant! J’ai préféré penser qu’il était (aussi) un peu jaloux que je puisse à la fois travailler et y prendre du plaisir.