De la gentillesse comme mode de management en entreprise

« Le contraire de l’amour, ce n’est pas la haine mais le pouvoir » écrivait Carl Yung.

Le contraire de la gentillesse, ce n’est pas la méchanceté mais l’indifférence pourrait-on ajouter.

C’est la réflexion qui m’est venue cette semaine en lisant dans Le Figaro l’interview du PDG de Paprec, une boite spécialisée dans le recyclage. Et que dit Jean-Luc Petithuguenin, sorti de l’Essec, nommé dès 26 ans comme directeur d’une entreprise de 400 personnes, et aujourd’hui à la tête d’un groupe de 4 000 salariés de 38 nationalités différentes?

Ceci: « Il faut respecter profondément les gens avec qui vous travaillez. Un collaborateur gentil est un collaborateur qui se réjouit du succès de l’autre, car une entreprise est une équipe ».

Ceci encore: « J’ai pensé pendant six bonnes années qu’un bon manager était quelqu’un qui contrôlait ses émotions et qu’il devait tout intellectualiser. Un jour, j’ai compris que je devais montrer ma vraie personnalité. Je suis quelqu’un qui aime les gens. J’ai donc décidé de changer mon mode de direction, de laisser parler mes émotions. »

Ceci enfin: « Mes cadres apprécient que je sois un homme de convictions au-delà de mon rôle de patron. J’ai eu plusieurs retours positifs lorsque, par exemple, je leur ai envoyé un texte de huit pages écrit par un philosophe. Le thème: pourquoi être gentil est-il un objectif élevé? »

Oh bien sûr je ne suis pas complètement naïf; je me doute bien que parmi les 4 000 salariés il en est des harcelés, des mécontents, des non reconnus dans leur travail. J’imagine également qu’il est des cadres plus « classiques », petits chefs, manipulateurs, moins en phase avec les propos de leur patron.

Mais je constate une chose: Jean-Luc Petithuguenin a au moins le mérite d’être cohérent avec lui-même quand il professe un credo et qu’il le met en œuvre dans son entreprise, par exemple en partageant des textes sur la situation en Syrie ou les attentats en France en janvier dernier. A l’heure où d’autres réclament toujours plus de flexibilité, de subventions oubliques sans offrir grand-chose en retour, cette attitude mérite d’être saluée.