Egalité salariale: mais à quoi joue le gouvernement?

Mais comment fait-il? Comment un gouvernement socialiste peut-il être maladroit au point de dresser contre lui les associations féministes, les syndicats et même le défenseur des Droits, Jacques Toubon, dans un domaine où, justement, les socialistes avaient fait avancer le droit en… 1983!

Explication de ce gâchis phénoménal: en juillet 1983, une loi instaure le « rapport de situation comparée » (RSC) prévoyant un diagnostic obligatoire de l’égalité dans l’entreprise. Parmi les indicateurs prévus, les salaires, la formation, le déroulement de carrière etc., bref des signes clairs et objectifs pour mesurer les écarts entre hommes et femmes.

Et patatras! Le projet de loi « dialogue social » de François Rebsamen prévoit, lui, de supprimer le fameux RSC pour le remplacer par une simple «  information en comité d’entreprise à partir d’une base de données unique ». D’où la colère d’Yvette Roudy, qui avait fait voter ce texte en 1983, mais aussi de nombreuses associations, au point qu’une pétition lancée aujourd’hui même a d’ores et déjà recueilli près de 25 000 signatures.

Du côté des pouvoirs publics, on assure que le texte a été mal interprété… mais on ajoute dans un communiqué tombé en fin d’après-midi que « le gouvernement proposera un amendement » pour que le RSC soit « intégralement mentionné dans une rubrique spécifique » de la base de donnée unique. C’est donc tellement clair qu’il faut le préciser!

Une remarque quand même: même s’il s’est fortement réduit depuis 2010, l’écart moyen entre le salaire net horaire des femmes et celui des hommes est de 8,6%, et il augmente même avec l’âge. A lui seul, cet écart ne justifierait-il pas un peu moins d’amateurisme, et un peu plus de rigueur dans l’examen de textes de loi?…