pilule: une histoire de (dés)amour ?

 

Cela demeure pour moi un mystère : pourquoi les femmes sont-elles si nombreuses à oublier de prendre leur pilule contraceptive ? Peut-être est-ce dû au fait que je suis un homme, au fait que je ne prends aucun traitement quotidien, mais j’ai du mal à comprendre – sauf à invoquer des facteurs psychologiques tels que l’envie inconsciente de tomber enceinte ou de tester sa fertilité.

N’empêche : parmi les Millenials (terme anglo-saxon regroupant les femmes de 21 à 29 ans) françaises, près d’une sur deux – 39% exactement – reconnaissent avoir oublié de la prendre au cours du mois écoulé. Un oubli plus fréquent même que de recharger son téléphone portable (24%) ou de prendre ses clés avant de sortir (17%). C’est ce qui ressort d’une enquête menée par Opinion Health/Bayer auprès de 4500 femmes dans neuf pays dont la France.

A les entendre en tout cas, les principales raisons avancées ne sont pas d’ordre médical ni philosophique et les polémiques récentes sur les pilules de 3ème et de 4ème génération ne semblent pas jouer un rôle particulier – ce qui, au passage, constitue une bonne nouvelle. En revanche, les motifs invoqués ont trait à la vie quotidienne. Parmi ceux-ci, les femmes évoquent en effet un emploi du temps trop chargé (pour 40% d’entre elles), le faire de ne pas la prendre à heure fixe (32%), et qu’elle ne soit pas rangée dans un endroit visible (32%).

Au total, 80% des femmes oublient leur pilule au moins une fois au cours de l’année précédente ; 62% au cours des six derniers mois et, donc, 40% au cours du dernier mois – dont, et c’est plus inquiétant encore, 20% une ou plusieurs fois par semaine, nettement plus qu’en Allemagne (9%), nettement moins qu’au Brésil (30% !).

Que déduire de cette avalanche de chiffres ? D’abord que prendre la pilule n’est pas un acte anodin ni automatique. D’autre part, que la contraception orale est devenue pour certaines femmes « une contrainte en raison d’un mode de vie qui a évolué au cours du temps », comme le relève le gynécologue Sylvain Mimoun, et que ce phénomène-là est récent.

Enfin, cette persistance d’un pourcentage élevé d’oublis montre qu’en matière de contraception rien n’est jamais acquis, et les pouvoirs publics feraient bien de relancer une campagne d’informations sur le sujet. Je profite d’ailleurs de l’occasion pour rappeler aux femmes qu’il existe d’autres moyens tout aussi efficaces, pour le cas où la pilule ne leur conviendrait pas : le stérilet – y compris pour celles qui n’ont jamais eu d’enfants, et l’implant sous-cutané – qui demeure malheureusement mal connu en France.

J’en profite également pour rappeler que la contraception d’urgence est un droit en France, notamment pour les mineures, et que les pharmaciens n’ont pas le droit de refuser de la délivrer. A bon entendeur…