Création d’entreprise et qualité de vie : doux rêve…
Je dois avoir l’esprit mal tourné – sans doute, un reste du journaliste que j’ai été ! Mais quand même : en lisant l’article de lexpress.fr consacré aux nouveaux entrepreneurs paru hier, j’ai eu l’impression de me retrouver au pays des Bisounours, dans la vie (apparemment) merveilleuse du « Parisien-qui-a-enfin-découvert-la-vraie-valeur-des-choses-en-changeant-de-vie ». Ainsi donc, à en croire cet article, « beaucoup d’entrepreneurs se lancent (dans ces nouvelles activités) pour une meilleure qualité de vie » ? On ne doit pas parler des mêmes… Car ceux que je connais, ceux que j’ai interviewés aussi me font un tout autre récit de leur aventure. Ce qu’ils me racontent plutôt, ce sont les difficultés quasi quotidiennes avec l’administration française, les avis comminatoires de l’Urssaf ou du RSI, les clients qu’il faut relancer et relancer encore, les subtilités de la fiscalité des entreprises pour qui n’a pas un diplôme de comptable… Ce qu’ils me racontent surtout, ce sont les interrogations sans fin (vais-je m’en sortir ? à quel niveau se situe mon point d’équilibre financier ? et si demain mon chiffre d’affaires chute ?…) ; les soirées à bosser ; les moments d’angoisse ; les week-ends en pointillé. Jusqu’à provoquer, parfois, un certain ras-le-bol de la part de la famille ou des proches. Pour avoir moi même créé mon entreprise, je peux témoigner de la difficulté à faire la part entre la sphère privée et la vie professionnelle. Moi qui jurais que « jamais au grand jamais » je ne ferais passer la seconde avant la première, je me suis surpris plus d’une fois à penser au boulot toute une soirée. Ou à m’asseoir devant mon bureau un dimanche après-midi – moins d’ailleurs parce que je n’aurais pas bien travaillé durant la semaine qu’à cause d’un vague sentiment de culpabilité à l’idée qu’en matière de création d’entreprise, on n’en fait jamais assez. Et à le faire sans même en éprouver de fierté. Au fond, les témoignages du papier de lexpress.fr ne disent pas grand chose d’autre. Le secret de la réussite d’un des couples cités ? « Un emploi du temps réglé comme du papier à musique ». Pour un autre, cela suppose de « bien s’organiser et s’implanter dans une zone très bien desservie par les transports » (et les autres, ils font comment ?). Pour un troisième, c’est de « travailler beaucoup et (de) ne pas compter ses heures ». Je ne suis donc pas tout seul… Je ne juge pas, étant moi-même confronté à cette réalité. Je ne leur jette pas la pierre, ayant à faire face aux mêmes difficultés. Mais est-ce bien la définition d’un « équilibre de vie » ? Pas sûr.
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