Merci à « Merci patron » !


Comme 230 000 personnes avant moi, je suis allé voir ce week-end Merci Patron, un « petit » film sorti en février dernier et qui poursuit une carrière aussi spectaculaire qu’inattendue. Pour ceux qui n’en auraient pas entendu parler, c’est un documentaire tourné par François Ruffin, journaliste et directeur du bimensuel Fakir, à charge contre le monde de la finance et, en particulier, contre Bernard Arnault, sa holding de luxe (Dior, Louis Vuitton…) et ses 35 milliards d’euros de fortune personnelle.
Mais Merci patron, c’est aussi une plongée sans concession ni voyeurisme dans le Nord de la France. Une région dont les industries textiles ont fermé une à une, malgré les promesses de ce même Bernard Arnault qui les avait rachetées dans les années 80. Une région politiquement marquée à droite, économiquement sinistrée et socialement en déshérence. Une région où on ne vit parfois qu’avec le RSA, notamment Jocelyne et Serge Klur, le couple qui fait office de « héros » du film. Concrètement, comme ils nous l’expliquent, cela veut dire ne pas manger à midi et faire le plein d’essence à coup de « 5 ou 10 euros à chaque fois selon l’argent qu’on a ».
Je ne vais pas jouer au critique de cinéma (à chacun selon ses compétences !) ; en revanche, je voudrais évoquer ici deux réflexions qui me sont venues en voyant ce film.
La première concerne le capitalisme. Qu’est-ce donc en effet qu’un capitaliste ? Interrogé par François Ruffin, Serge Klur répond que c’est quelqu’un qui gagne 1 500 euros par mois ! – « 3 000 euros », corrige Jocelyne. On est bien loin de la réalité ; ou, plutôt, ces réponses en disent long sur l’écart démesuré de perception entre les Klur d’un côté et les « vrais » capitalistes de l’autre sur l’idée même de richesse.
L’autre réflexion qui m’est venue concerne l’ancienne déléguée CGT des Textiles, que l’on voit à plusieurs reprises dans le film. Très impliquée dans son combat syndical d’alors, elle se retrouve aujourd’hui ambulancière, avec des conditions qu’on imagine (à tort ?) moins précaires. Sans malice, juste en poussant la logique pécuniaire jusqu’au bout, François Ruffin lui suggère de dire « Merci Bernard » (Arnault), puisque son licenciement lui a permis de d’augmenter son niveau de vie.
Que répond-elle ? Je ne me souviens pas des termes exacts employés, mais quelque chose comme sûrement pas ! Je préférais mon boulot précédent. On gagnait moins sans doute, mais l’ambiance et le contact avec les copines d’usine étaient là. « Travailler plus pour gagner moins » en quelque sorte, mais « travailler plus pour être mieux ». Un joli pied-de-nez aux capitalistes de toute espèce…
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