« L’alcool est un outil de management »

 

« Si vous voulez une réaction sur l’émission Pompettes diffusée ce soir, je suis disponible ! » J’ai reçu ce matin un texto de Laurence Cottet, cette ancienne responsable d’un grand groupe du BTP qui raconte dans un livre personnel et poignant sa descente aux enfers dans la boisson.

J’avais rencontré Laurence à l’automne dernier, dans le cadre d’un colloque sur les addictions au travail organisé par la Mildeca, que j’animais. J’avais été frappé par son engagement, sa volonté d’alerter les pouvoirs publics et les entreprises sur ce fléau qu’est l’alcoolisme « en col blanc ». D’autant quand, tabou supplémentaire, c’est une femme qui en a été victime.

Évoquant l’émission Pompettes, dont le principe est de préparer une recette de cuisine tout faisant picoler un « people »  plus que de raison (en l’occurence, Stéphane Bern), Laurence Cottet se dit « très en colère ». Elle s’explique : « Dans mon métier d’avant, l’alcool est systématiquement lié à un bon repas. Qui plus est, c’est un alcool à volonté, gratuit (c’est la boite qui paye) et de qualité. Résultat, l’ivresse survient rapidement, on se lâche, on raconte n’importe quoi. Et c’est exactement le but de l’émission : passé un certain degré d’alcool, on livre des secrets qu’on aurait tus si on était resté sobre. »

L’émission n’a pu être interdite de diffusion sur Internet, et c’est bien ça qui Laurence met en rage : « On présente l’alcool comme quelque chose de festif. Mais ces gens-là se rendent-ils compte que, chez la femme notamment, l’alcoolisme commence souvent en préparant des plats à la maison, en buvant un coup de ci de là ? »

Pire, fait-elle remarquer : « Dans certaines entreprises, l’alcool est un véritable outil de management. Il permet de conserver les salariés sur le lieu de travail, il assure la cohésion du service, il promeut l’esprit d’équipe. Combien de fois ai-je entendu, alors que j’en avais marre de trainer au bureau et que je voulais rentrer « Reste ! On va faire un pot tout à l’heure. On va bien se marrer ». Et combien de fois ai-je dit oui, juste pour ne pas m’exclure du groupe ? »…