Hommage à Agnès Buzyn


Ceux qui me lisent régulièrement le savent, j’ai la critique plus facile que le compliment ou l’éloge ! Ce post fera pourtant exception et, plus surprenant encore, il concerne un(e) politique. El l’occurrence, il s’agit d’Agnès Buzyn, que j’ai entendue ce week-end à CHAM. Venue en 2016 comme « simple » oratrice présidente de la Haute Autorité de Santé, Agnès Buzyn a rempli le rôle du Grand Témoin dévolu l’année dernière à Emmanuel Macron. Et, le croirez-vous, elle a réussi son examen de passage mieux encore que son prédécesseur !
Devant une assemblée séduite et attentive, Agnès Buzyn a livré son analyse du monde de la santé, des responsabilités d’un gouvernement, des difficultés auxquelles elle va devoir se confronter tout au long de son ministère. Aussi belle de l’intérieur que de l’extérieur, bien plus à l’aise qu’en interview, elle a conquis le public par sa force de conviction et la vision qui est la sienne des enjeux de la médecine de demain.
Les crises sanitaires qui se succèdent ? « Aucune ne ressemble à une autre, mais toutes supposent la capacité d’anticiper l’inattendu ». La proposition de Guy Vallancien de créer « une sorte de GIGN de la Santé, avec 50 experts aux moyens illimités » ? C’est « une idée qu’il faut creuser ». Et de fait, quand on songe au Levothyrox, on ne peut qu’être interpellé par le mélange explosif de mauvaise gestion, communication déficiente, annonces prématurées et réactions irrationnelles de certain(e)s patient(e)s victimes de ce qu’on appelle l’effet nocebo…
Les déserts médicaux ? « On ne va pas inventer comme ça 20 000 médecins supplémentaires – de toute façon, on n’en a pas besoin. Mieux vaut rendre du temps médical dans chaque territoire de santé et, pour ce faire, favoriser la délégation de tâches (du médical vers le paramédical), les dérogations réglementaires et les financements incitatifs ».
L’évaluation de la pertinence des soins ? « La qualité, ce n’est pas le ministre qui la décide, elle se détermine après un travail de co-construction entre les médecins et les patients. Quant aux établissements, je n’en peux plus de l’opposition public/privé. L’essentiel est d’inciter les gens à faire mieux. Ceux qui font bien seront valorisés, les autres devront s’y mettre ! ».
La démocratie sanitaire ? « Même si je trouve parfois que la tâche est immense, je suis optimiste car je pense que notre société est mûre pour des transformations. Avec un État stratège et garant des résultats, pas un État qui plaque des solutions toutes faites. »
La politique vaccinale ? « 80% des enfants ont leur calendrier vaccinal à jour. Mon objectif est de parvenir à 90% ». Un dernier mot justement sur cette polémique désastreuse autour du passage à 11 vaccins pédiatriques : en retenant le principe du « ni ni » (obligation mais ni exemption, ni condamnation) Agnès Buzyn a fait un choix exemplaire d’intelligence. Sans céder aux thèses paranoïaques, sans laisser les « anti » jouer aux martyrs. Qu’elle en soit ici sincèrement remerciée.