La santé selon Macron, Hamon et Fillon


Il y avait foule ce matin au Palais Brogniart à Paris, où la Fédération des Mutuelles avait convié les candidats déclarés à la Présidentielle pour détailler leurs projets en matière de santé. Tous avaient répondu présents – à l’exception notable de Marine Le Pen et de Jean-Luc Mélenchon. Résultat : des centaines de participants, quelques dizaines de journalistes, quelques dizaines d’étudiants dentistes venus protester contre les projets du gouvernement et, donc, quelques CRS encadrant les étudiants, le tout dans une atmosphère plutôt bon enfant.
Je ne me livrerai pas ici à une reprise détaillée des mesures annoncées par les uns ou les autres, d’autant que les médias s’en sont fait ou vont s’en faire l’écho largement. Tout au plus ferai-je remarquer qu’aucun candidat n’a pris le risque de se mettre les mutuelles à dos. Même François Fillon, pourtant très dur au cours de la primaire contre Alain Juppé, a adouci, minoré, oublié (chacun choisira le terme qui lui convient) ses premières propositions en matière d’accès aux soins et de remboursement – jusqu’à promettre le remboursement des lunettes pour les enfants, comme l’avait fait avant lui Emanuel Macron. Ce qui a permis à ce même Macron d’ironiser sur le thème « certains me reprochent de ne pas avoir de programme… ce qui ne les empêche pas de le voler ! »
En revanche, il y avait des contrastes saisissants à entendre les candidats les uns après les autres présenter en cinq minutes chrono leur approche. Pour résumer, et pour se limiter aux trois principaux, je dirais ceci (en respectant l’ordre d’entrée en scène) : pour Macron, la santé c’est avant tout la prévention ; pour Hamon, c’est la protection des concitoyens ; pour Fillon, c’est la médecine libérale. Synthétisé par une formule, cela pourrait donner : pour Macron, c’est la santé publique ; pour Hamon, c’est la santé du public ; pour Fillon, c’est la santé par le privé !
Reprenons : Emmanuel Macron place la prévention au cœur du système. Par exemple en créant une sorte de « service public sanitaire » qui s’appuierait sur les milliers d’étudiants disponibles chaque année (médecine, dentistes, kinés, infirmiers, soit plus de 30 000 personnes…) sous la forme d’un stage ambulatoire obligatoire de 5 semaines à trois mois. Mais aussi en prenant mieux en charge certaines pathologies (hypertension, diabète…) avant qu’elles deviennent chroniques, en encourageant la lutte contre les accidents du travail, ou en dépistant dès l’école primaire les troubles de l’audition ou de la vue.
Benoit Hamon, lui, veut lutter contre les maladies chroniques et en particulier celles qui sont liées à notre mode de vie : alimentation, perturbateurs endocriniens, particules fines… Il propose en outre d’étendre une mesure encore peu connue et peu appliquée : la possibilité de rembourser certaines activités physiques par la Sécu dès lors qu’elles sont prescrites par un médecin. Il souhaite également s’attaquer au burn out même si, fait-il remarquer, il s’agit « d’un syndrome et pas d’une maladie ».
Autant on peut voir des points de convergence entre Macron et Hamon, autant Fillon, lui, se démarque nettement… Notamment quand il martèle que « le système doit être fondé sur la médecine libérale » et qu’il faut « sortir de l’hospitalo-centrisme ». De fait, l’hôpital public est dans son collimateur ; car s’il n’est plus question de supprimer des postes de médecins ou d’infirmières, il veut lutter contre « les soins inutiles », il maintient son objectif de 100 000 postes en moins dans la fonction publique hospitalière « administrative », et il promet le retour aux 39 heures payées 35 d’ici la fin du quinquennat.
Je ne prétends pas là évidemment être exhaustif. Mais, tout de même, je trouve qu’il se dessine à travers ces quelques mesures une vision différente de la santé. Ce n’est pas anodin, à l’heure où les deux –tiers des Français, selon un sondage dévoilé aujourd’hui par la Mutualité française, se disent pessimistes sur l’avenir de la Sécu.
Cédric Lambert
Et Jean Luc Melanchon n’a pas de programme ?
Vincent Olivier
Bonjour,
Ainsi que je l’ai mentionné, ni Jean-Luc Mélenchon ni Marine Le Pen n’étaient là. J’en profite pour préciser que Yannick Jadot et Nicolas Dupont-Aignan étaient présents, eux, mais que je n’ai pas rendu compte de leurs interventions.
Cédric Lambert
@Vincent Olivier : Merci pour cette précision.
Cordialement,