Covid19: l’idée géniale pour diviser par 2 les risques de transmission


Prenez un modèle mathématique. Ajoutez-y une pincée d’épidémiologie, un soupçon de virologie et un peu de technologie satellitaire. Mélangez le tout avec de l’intelligence artificielle et vous obtenez une magnifique modélisation qui permet d’affirmer ceci : en protégeant efficacement 2% de la surface totale d’un aéroport, on réduit de 40% les risques de transmission du Covid !
Ce travail d’une équipe de chercheurs de l’Inserm et de la Sorbonne est publié aujourd’hui même dans la très sérieuse revue Nature Communications. Il mérite quelques éclaircissements, tant la méthode employée frôle à mes yeux le génie.
Explication. Les scientifiques sont partis du constat que dans certains lieux à forte densité de population (aéroports, gares, files d’attente etc.), les mesures de distanciation sociale sont peu, mal ou pas respectées du tout. On peut toujours le déplorer, n’empêche : c’est un fait, et c’est surtout un facteur élevé et difficilement contrôlable de transmission de maladies infectieuses comme le Covid.
Comment, dès lors, réduire ce risque ? D’abord en identifiant précisément les zones les plus concernées. Pour ce faire, les chercheurs ont récupéré les données anonymisées des téléphones portables de plus de 200 000 individus dans l’aéroport d’Heathrow à Londres. Grâce à la géolocalisation, ils ont visualisé les déplacements de ces 200 000 personnes, avec une précision de 10 mètres. Objectif : détecter les lieux où les contacts sont à la fois les plus nombreux et les plus longs.
Et c’est ainsi qu’ils ont découvert que ces endroits n’étaient ni les postes de contrôle des douanes, ni les files d’attente d’enregistrement mais … les bars ! Pourquoi ? Parce qu’on y reste plus longtemps, et que les échanges se font aussi bien entre touristes qu’entre vacanciers et personnel de l’aéroport.
Dans un deuxième temps, les scientifiques ont ajouté à ce modèle mathématique des données sur la propagation en situation réelle de deux maladies, la grippe H1N1 et le Covid. Ils ont alors fait « mouliner » le système avec des mesures d’immunisation spatiale spécifique. Ces mesures, ce sont « des approches dédiées telles que le filtrage de l’air, la désinfection systématique des surfaces ou l’utilisation de lampes Fac-UVC », explique Mattia Mazzoli, le principal signataire de l’article, dans un communiqué de presse. Pour les ignares comme moi, je précise au passage que les lampes en question ont pour particularité d’émettre des rayons ultraviolets qui stérilisent l’espace.
Conclusion : en protégeant spécifiquement ces zones à risques, on observe une diminution du risque de transmission secondaire d’individu à individu de 50% pour le H1N1, et de 40% pour le Covid.
Autrement dit, en ciblant 2% de la surface totale d’un aéroport, on divise par deux la menace épidémique de la totalité de ce même aéroport Avec juste quelques mesures simples à mettre en œuvre, et efficaces même dans les situations pré-épidémiques, par exemple lorsque les premiers cas importés ne sont pas encore détectés.
Voilà. Ne reste plus que, si j’ose dire, ne plus qu’à mettre en pratique ces recommandations scientifiquement validées. Alors, c’est pour quand ?