Réintégration des soignants : honte aux députés
Je n’avais pas l’intention de revenir sur le sujet. Mais au vu de la polémique lancée vendredi dernier par LFI à l’Assemblée Nationale, il me semble essentiel de resituer le débat.
Avec en préambule cette précision : mon dernier post m’a valu un certain nombre d’insultes et d’accusations inacceptables (« collabo », « journalope », « répugnant » et j’en passe). Je préviens donc que tout auteur d’un propos outrancier ou relevant d’une fake news sera dorénavant systématiquement signalé et son auteur, bloqué.
Pour en revenir à la proposition de loi de LFI autorisant la réintégration du personnel soignant non vacciné et que j’évoquais dans mon post précédent, je n’imaginais pas qu’elle aurait un tel retentissement.
Car enfin cette proposition de loi justifiait-elle que certains parlementaires pètent les plombs, comme ce député de la Guadeloupe lançant un menaçant « Tu vas la fermer » à un de ses collègues ?
Justifiait-elle des heures de débats à la télé, notamment sur C News – débats se limitant, le plus souvent, à critiquer les pouvoirs publics et leur opposer le prétendu « bon sens » des commentateurs sur le mode « Les scientifiques, y peuvent toujours dire que … moi ce que je pense/je crois/j’affirme c’est que … »
De façon plus générale, je voudrais poser quelques questions aux députés de l’opposition (LFI, mais aussi LR, RN et Verts) qui ont voté ce texte.
Savez-vous que ce texte ne concerne que 0,3% du personnel soignant, soit 3 pour 1000 d’entre eux ?
Croyez-vous sincèrement que ces 0,3% soient une réponse au manque de personnel, comme le prétend le texte en introduction ?
Cette proposition constitue-t-elle vraiment une priorité de santé publique, voire une priorité tout court au point d’en faire un des trois textes proposés par LFI dans leur « niche » parlementaire ?
Avez-vous conscience que ce texte constitue un encouragement objectif à la non-vaccination ?
Car oui, c’est bien un encouragement et c’est pour cette raison que je parle de honte. Après tout, si un soignant refuser de se vacciner pourquoi pas ? Mais alors qu’il en assume les conséquences en protégeant les patients. Concrètement, cela suppose qu’il prenne ses responsabilités. Or, le texte dit que ce sera à l’hôpital – donc, à la collectivité – de payer les tests !
Dès lors, où est l’incitation à se faire vacciner ? Où est le prix à payer pour ne pas le faire ? Comment un élu de la République peut-il encourager de tels comportements ?
Je sais bien ce qu’on va me répondre : « Les Français sont pour ». Ah ! La belle affaire … A une époque, « les Français » étaient pour la peine de mort et c’est tout à l’honneur de François Mitterrand de l’avoir abolie malgré la pression populaire. Aujourd’hui, « les Français » sont pour la préférence nationale en matière d’emploi et c’est tout à l’honneur du gouvernement de ne pas y céder.
Car de populaire à populiste il n’y a que quelques lettres de différence. Et le populisme, en l’occurrence, c’est flatter l’opinion publique de la façon la, plus complaisante qui soit. C’est lui donner raison au nom du « bon sens » que j’évoquais plus haut. Sous la forme, par exemple, de ce raisonnement simpliste de LFI prétendant que la réintégration des non vaccinés serait une solution à la pénurie de personnel.
« Les Français sont pour » … Mais pour quoi exactement ?
Et si on leur posait la question autrement ? « Préférez-vous un soignant vacciné ou non vacciné » ? « Êtes-vous prêt à payer les tests de dépistage à la place des soignants non vaccinés » ? Quelque chose me dit que la réponse serait différente.
Mais, surtout, on pourrait poser la question aux principaux intéressés – j’entends par là les patients et les autres soignants.
Or, les premiers ont déjà répondu à travers une lettre ouverte de France Asso Santé qui parle de l’obligation vaccinale comme d’un « maintien impératif » (Pour ceux qui l’ignoreraient, cette Fédération rassemble une centaine d’associations de malades dont la totalité des affections de longue durée ainsi que les familles rurales, les handicapés, les retraités etc.)
Quant aux professionnels de santé, du Conseil de l’Ordre des médecins à celui des infirmiers, leur position est claire et unanime. Et je n’ai vu, à ce jour, aucune organisation, aucun syndicat réclamer la réintégration du personnel non vacciné.
Bref, en dehors de quelques voix discordantes et individuelles, usagers de santé et professionnels ne veulent pas en entendre parler.
Les usagers, parce qu’ils se disent (et ils ont raison) qu’il faut prendre le moins de risques possible et qu’un soignant vacciné a moins de « chances » de leur transmettre un Covid sévère qu’un soignant non vacciné.
Les professionnels, parce qu’ils estiment (et comment leur donner tort ?) qu’ils ont été abandonnés par leurs collègues non vaccinés durant l’épidémie de Covid, précisément au moment où on avait le plus besoin d’eux.
Mesdames et Messieurs les Députés qui avez voté la proposition de LFI, cela n’ébranle-t-il pas un peu vos certitudes ? En fin de compte, de quel côté se place le « bon sens » ?