Covid : pourquoi il ne faut pas réintégrer les soignants non vaccinés
C’est une petite musique qui revient régulièrement depuis septembre 2021, date de la suspension du personnel soignant non vacciné contre le Covid – la semaine dernière encore chez Hanouna, une infirmière expliquait sans vergogne bénéficier d’un certificat médical de complaisance pour continuer à toucher sa paye. Tout en dénonçant l’exclusion des « 130 000 personnes » (sic) concernées.
Nouvelle tentative ce jeudi 24 novembre. Cette fois ci, c’est Carole Fiat, une députée LFI qui s’y colle avec une proposition de loi visant à permettre à ces soignants de revenir à l’hôpital « grâce à un protocole sanitaire renforcé » est-il expliqué dans l’introduction. Comment ? « Sous réserve de la présentation quotidienne d’un test de dépistage négatif » (article 1). Fourni par qui ? Par l’hôpital, et à titre « gratuit » (article 2). Financé comment ? Par « l’impôt sur la fortune immobilière » (article 3).
Je résume : plutôt que de contraindre des professionnels de santé à respecter une obligation légale, la collectivité va leur payer des tests tous les jours en les finançant par les riches. Plus démago, tu meurs.
D’autant que l’obligation s’applique à de nombreux vaccins (tétanos, diphtérie, poliomyélite, Hépatite B) sans que cela engendre la moindre difficulté. Alors quand j’entends certains soignants expliquer qu’ils ne sont pas antivax « sauf pour le Covid », cela me fait penser aux Français qui disent opposés à la peine de mort « sauf pour » (au choix : les assassins d’enfants, de policiers, les pédophiles etc. rayez la mention inutile).
Cette proposition a provoqué, on s’en doute, une levée de boucliers. France Asso Santé alerte sur la nécessaire protection des malades les plus fragiles. La Fédération hospitalière de France rappelle que cela ne concerne que 4 000 personnes – et pas 130 000 ! – dont 500 infirmières sur un total de 1,2 million d’agents de la fonction publique. Quant au ministre de la Santé, François Braun, il parle d’une « idée de l’extrême droite italienne présentée comme une solution miracle ». La référence, justifiée, a dû faire grincer quelques dents du côté de LFI …
Pour ma part, j’ai déjà expliqué dans un post précédent – qui a fait plus de 45 000 « impressions » sur LinkedIn et m’a valu des dizaines de messages d’insultes – tout le mal que je pensais de cette éventualité.
Sans entrer dans le détail de mon argumentation, je me contenterai d’en reprendre la conclusion (étant entendu que l’on n’est jamais si bien servi que par soi-même !) : « Politiquement, ce serait une faute de faire croire que les antivax vont sauver l’hôpital en y revenant. Éthiquement, ce serait une faute de réintégrer des soignants qui réfutent l’idée même d’une médecine fondée sur les preuves et non sur les croyances. Médicalement, ce serait une faute de faire courir un risque aux patients, fût-il faible ».
Mme Fiat le reconnait d’ailleurs dans son argumentaire puisqu’elle écrit que « le risque supplémentaire lié à l’absence de vaccination est de moins en moins significatif ». Mais, madame la députée, en bon français, de moins en moins ne veut pas dire nul ni même insignifiant. Vous acceptez donc l’idée que ce risque existe, et vous vous en fichez (pour rester poli).
Plus grave encore, LFI n’hésite pas à lancer des fakes news pour justifier son attitude. En effet, dans un tweet publié le 8 novembre, Caroline Fiat affirme avoir obtenu « l’avis favorable de la Haute Autorité de Santé » à sa proposition durant l’audition de celle-ci.
C’est faux. D’abord parce que la HAS ne s’exprime jamais officiellement en dehors d’un avis dûment rendu. Et que le dernier en date, publié en juillet dernier, confirme que « les données ne sont pas de nature à remettre en cause l’obligation vaccinale pour toutes les personnes ayant des contacts fréquents et rapprochés avec des personnes vulnérables ». On ne saurait être plus clair.
Quant à l’audition du 8 novembre, la réalité est tout autre : Dominique Le Guludec, la Présidente de la HAS, s’est contentée d’admettre que, sur le principe, un tel protocole serait acceptable. Mais c’est pour ajouter aussitôt après que cette solution n’est pas souhaitable. Pourquoi ? Parce que, explique la HAS dans un tweet publié le lendemain, « ce protocole ne serait pas applicable sur le terrain car trop contraignant ». Et elle ajoute, histoire de marquer le coup, qu’elle « n’est pas en faveur d’une levée de l’obligation à l’hôpital et qu’il faut inciter à un 2ème rappel pour les personnes à risque ».
Bref, Caroline Fiat ment. Sciemment et au mépris de la santé publique. Faut-il s’en étonner ? Après tout, elle s’inscrit dans le sillage de son mentor Jean-Luc Mélenchon.
Ce dernier n’a eu de cesse, depuis le début de l’épidémie de Covid, de flirter – pour ne pas dire plus – avec des théories complotistes. Un jour il se dit « prêt » à prendre de l’hydroxychloroquine car « après tout ça ne peut pas faire plus de mal que la maladie » Un autre il fustige « un autoritarisme quasi totalitaire » à propos du pass sanitaire. Un autre, il dit refuser « d’être un cobaye » en recevant « le machin de Pfizer » mais il n’a rien contre « un vaccin russe ou chinois ».
Vous voulez encore ? « Le vaccin est une raquette trouée ». « L’ARN messager, on n’en est pas sûr ». « Il n’y a pas d’argument rationnel » en faveur de la vaccination. « Ce vaccin ne me rassure pas ».
Je pourrais multiplier les exemples. Ils montrent en tout cas une chose : du RN à LFI, de Hanouna à Raoult, on n’en a pas fini avec les polémiques nauséabondes concernant le Covid.