Il faut aider les aidants !

C’est aujourd’hui « leur » journée nationale. Mais pour les aidants, le 6 octobre, c’est tous les jours. Une mission essentielle, nécessaire, qu’ils assument parfois difficilement et souvent dans l’ombre. En cette année 2020 où l’épidémie de Covid 19 a encore aggravé leur situation, cela valait bien un post de blog. Hommage, donc, à ces hommes et ces femmes qui consacrent une large partie de leur vie à faire le bien autour d’eux.

Qui sont-ils ? Ce sont ces 8, 10, 11 millions de Français (les estimations divergent) qui aident au quotidien un proche âgé, malade ou en situation de handicap. Des femmes surtout, d’un milieu modeste la plupart du temps, à la vie déjà bien remplie (49 ans en moyenne). Mais ils ne sont pas tous « vieux » : 500 000 aidants ont entre 18 et 24 ans.

Que font-ils ? A peu près tout : ils font les courses, le ménage, ils tiennent compagnie, ils prodiguent des soins, ils gèrent l’administratif, le budget, ils rendent visite, ils accompagnent durant les promenades, ils emmènent chez le médecin. En moyenne, cela représente plus de 6 tâches différentes qu’ils accomplissent, pour un tiers d’entre eux, « tous les jours ou presque ». Et dans la solitude, sans aucun soutien extérieur dans un cas sur quatre.

Comment le vivent-ils ? Pas toujours bien. Pour un quart des aidants, c’est un engagement au quotidien « lourd », voire « très lourd ». Avec un impact qualifié d’important dans leur propre vie sur le plan familial (54%), financier (47%), et même sur leur santé à eux (53%). Au point que 60% d’entre eux ont déjà « craqué » et que les trois quarts éprouvent un besoin impérieux de souffler – même si, en pratique, ils n’en ont guère la possibilité.

Combien coûtent-ils à la société ? Rien, puisqu’ils sont bénévoles ! En revanche, ils « rapportent ». Beaucoup même : selon la Caisse nationale de sécurité pour l’autonomie (CNSA) ce travail gratuit représente, chaque année, l’équivalent de 12 à 16 milliards d’euros qui, autrement, incomberaient à l’État sous forme de salaires à verser.

Mais cette estimation a été faite en période normale. Avec l’épidémie de Covid, ce chiffre déjà conséquent a dû exploser. Car il a fallu remplacer les aides à domicile et les infirmiers confinés chez eux. Et, donc, changer des pansements, remplacer des cathéters, faire la toilette ou autres. Autant de tâches pour lesquelles les aidants n’étaient pas formés et qui les a littéralement épuisés, eux qui avaient déjà du mal à s’en sortir.

Résultat : à la question « le confinement a-t-il été une source de difficultés supplémentaires ? », les aidants répondent majoritairement oui, qu’il s’agisse d’inquiétude (75%), de fatigue (63%), de travail (61%) et de tension au sein du foyer (48%). Plus inquiétant encore, entre un quart et un tiers d’entre eux répondent « oui, tout à fait », signe de réelle souffrance et de sentiment d’être dépassés par les événements.

Car,  dans leur vie quotidienne, les aidants ont subi de plein fouet les effets de l’épidémie de Covid. Réduire ou arrêter son activité professionnelle ? La moitié d’entre eux ont dû s’y résoudre « parfois », et un quart « souvent ». Renoncer à des soins pour la personne aidée ? 31% y ont été contraints « parfois », et 18% « souvent ». Au-delà des chiffres, toujours un peu froids, tirés d’un sondage d’Ipsos pour la Macif, ce sont autant de drames humains, qui se sont joués – et qui continuent à se jouer.

Alors certes, depuis le 2 octobre le congé de proche aidant, voté il y a plus d’un an, est désormais indemnisé : à hauteur de 52,08 euros par jour pour une personne isolée (43,83 euros s’il vit en couple), ce dispositif s’adresse à tous, salariés, fonctionnaires, indépendants ou chômeurs. Sa durée maximale est de trois mois, renouvelable dans la limite d’un an durant toute une carrière, et les conditions d’obtention sont facilitées, puisqu’il suffit d’une déclaration sur l’honneur. Mais ses modalités pratiques sont fortement encadrées : seuls les proches des personnes atteintes d’un handicap lourd (au moins 80%) et/ou d’une perte d’autonomie avancée peuvent y avoir droit.

Pour les autres, tous les autres, il reste la possibilité de bénéficier de jours de repos non pris (RTT, récupération, congés payés) donnés par des collègues. Encore faut-il être salarié d’une entreprise, et que cette dernière encourage un tel système. Il en va là comme pour le « droit au répit » instauré en 2016 : l’idée est belle et généreuse, mais cela ne suffit pas toujours pour que tout un chacun puisse en bénéficier, notamment en raison de la complexité des démarches à accomplir. Autant dire que nombre d’aidants risquent, longtemps encore, de ne pouvoir compter que sur eux-mêmes.