Compte pénibilité: le grand foutoir

C’était l’une des mesures phare de la réforme des retraites votée en 2014: créer un « compte pénibilité » pour les salariés du secteur privé exposés à des conditions de travail difficiles. Nombre de travailleurs concernés: « près d’un million dès 2015, 3 millions en 2016 » assurait alors la gouvernement.

Las! Cette excellente idée est en passe d’être rendue inopérante… par ceux-là même qui l’ont initiée. La semaine dernière, le ministre du Travail, François Rebsamen, a semé la confusion à l’assemblée générale des petites entreprises du bâtiment, en évoquant la possibilité de « supprimer des critères inapplicables » – applaudissements dans la salle! Marisol Touraine, également en charge du dossier, avait beau essayer de déminer la situation le jour même à l’Assemblée Nationale, le mal était fait!

Pour mémoire, cela fait pourtant quatre ans que les entreprises doivent avoir mis en place un plan d’action dans ce domaine. Et depuis le 1er janvier quatre facteurs sont d’ores et déjà intégrés (travail de nuit, répétitif, en horaires alternants ou en milieu hyperbare) et donnent droit à un compte individuel; six autres (posture pénibles, manutention manuelle de charges lourdes, exposition à des agents chimiques, températures extrêmes, bruit) le seront à partir de l’année prochaine.

Mais, à en croire le baromètre du cabinet de conseil Atequacy publié hier, c’est le grand foutoir dans la tête des dirigeants d’entreprise… La moitié d’entre eux ignorent l’obligation de mettre en place ce « compte prévention » depuis le 1er janvier 2015. Les deux tiers ne savent pas non plus que ce compte sera financé par une nouvelle cotisation à la charge des entreprises. Et seuls 6% des patrons de TPE (très petites entreprises) connaissent en totalité les dix critères mentionnés plus haut.

Dispositifs flous, annonces mal gérées, modifications multiples, absence de visibilité…. Vous avez dit gâchis?